La sécurité sociale, nos pensions et l’Arizona.

Enorme succès de la manifestation du 13 janvier

Très grand succès de mobilisation pour la défense des pensions, ce lundi 13 janvier.
Plus de 30 000 manifestantes et manifestants, des trois syndicats, des trois régions du pays.
Une manifestation appuyée par un mouvement de grève important dans les transports, les services publics, l’enseignement – plus de 34 000 enseignants officiellement en grève en Flandres, un record historique selon toute la presse.

Le Gang était présent en force !

Cette mobilisation est une nouvelle étape d’une lutte qui promet d’être sévère et de longue haleine face aux mesures antisociales que prépare le gouvernement Arizona (N-VA, MR, Engagés, CD&V, Vooruit).

Les détails ne sont pas encore connus, mais il est certain que les services publics et la sécurité sociale, en particulier les pensions, sont très gravement visés.

L’Avenir.net, 13/01/2015

Les mesures envisagées par l’Arizona (la note De Wever)

La future coalition Arizona l’a annoncé : elle tente de trouver 20 milliards d’euros d’économies d’ici 2029 et en particulier 3 à 5 milliards d’euros sur les pensions, notamment en diminuant les subventions de l’Etat.
D’ici 2040, cette économie sera beaucoup plus importante car ce n’est qu’à ce moment-là que les mesures envisagées seront pleinement effectives.

Pour cela : faire travailler plus longtemps pour moins de pension, restreindre la prise en compte des périodes dites assimilées, diminuer l’accès à la pension minimum, mener une attaque généralisée contre les pensions dans les services publics et l’enseignement.

Centrale Générale

Concrètement :

  • Suppression des crédits-temps de fin de carrière (ancienne prépension).
  • Pour avoir accès à la pension minimum  (1773 euros bruts, 1640 euros nets), exigence de 35 années de « travail effectif ».
    Le gouvernement Vivaldi avait exigé une carrière de 30 ans au moins, dont 20 ans au moins de « travail effectif ».
    L’Arizona discute de durcir encore ces conditions,  en diminuant ou supprimant la prise en compte de certaines périodes dites « assimilées ».
    Celles-ci comprendraient encore les congés pour maladie, accouchement, parentaux, pour assurer des soins palliatifs, mais ne tiendraient désormais compte que partiellement des périodes de handicap, maladie de longue durée, chômage (y compris de chômage temporaire), etc.
  • Ces conditions imposeront donc une carrière obligatoire de 35 ans au moins, donc 5 ans de plus pour beaucoup de travailleurs et surtout de travailleuses.
    Seulement trois femmes sur dix et six hommes sur dix auraient droit à la pension minimum, alors qu’actuellement 90 % des hommes et 77 % des femmes y ont droit.
    La pénalisation des carrières plus courtes et souvent interrompues ainsi que du temps-partiel a un impact particulièrement négatif sur la pension des femmes.
  • En cas de pension « anticipée » (moins de 35 années de travail effectif), pénalité sur la pension de 5% en moins par année.
  • Allongement de la période de référence pour le calcul des pensions du secteur public.
    Conséquences pour les enseignants : un allongement de carrière de 4,5 ans et une diminution de 200 à 900 euros (nets) par mois.
  • Relèvement de l’âge de la pension à 67 ans pour le personnel de la SNCB et les militaires.
  • Pour le calcul de la pension, une année sera prise en compte seulement si elle comporte au moins 2 trimestres de travail effectif, d’où en pratique pas de prise en compte de l’année d’obtention du diplôme ni, dans la moitié des cas, de celle du départ à la retraite.
  • Suppression progressive des droits dérivés : pensions de divorce (168.477 personnes, dont 80% de femmes) et pensions de survie (95% des 667.086 bénéficiaires sont des femmes). Cela ferait passer l’écart de pension entre femmes et hommes de 24 % à 50 % sur la base des chiffres de 2017.

Face à toutes ces mesures, nous revendiquons une pension minimum de 1840 euros nets par mois pour toutes et tous, et le refinancement conséquent de la sécurité sociale.

Que ce soit à la sauce Vivaldi ou à la sauce Arizona…

Un rappel important : l’origine de la sécurité sociale

La grève de 1936

La grève générale de 1936 avait arraché d’importantes conquêtes sociales : le salaire minimum, six jours de congés payés par an, assurance-maladie, mais aussi l’augmentation de salaire de 7%, l’augmentation des allocations familiales, et une première étape vers la semaine de 40 heures.
L’occupation nazie avait supprimé ces conquêtes.

Quand le gouvernement belge exilé à Londres est revenu en 1944, de très fortes tensions existaient entre lui et les résistants (armés ou pas), conduisant à un climat insurrectionnel. 
Un politicien connu du CVP (parti social-chrétien flamand, équivalent du cdH en Wallonie), Mr. Robert Vandeputte (ex-gouverneur de la Banque Nationale) disait dans Trends-Tendances du 14 octobre 1993 : « En 1944 les dirigeants des entreprises craignaient les tendances révolutionnaires. Le communisme avait un prestige fantastique. Ils craignaient, à juste titre, des confiscations et des nationalisations. »

Dans ce contexte, un pacte social est signé le 28 décembre 1944 (avant donc la capitulation du 8 mai 1945).
Pour sauver leur système capitaliste, les classes au pouvoir y ont été contraintes de restituer une partie importante de leurs profits à la collectivité,.
Ce pacte définit jusqu’à aujourd’hui le fonctionnement de notre sécurité sociale.

Le financement de la sécu

Selon le rapport annuel de l’ONSS (Office national de la Sécurité sociale), le financement de la sécurité sociale représentait en 2023 105,5 milliards d’euros, dont :
– 76,2 milliards de cotisations sociales, dont 2/3 viennent des cotisations patronales ;
– 19,3 milliards € de financement alternatif ;
– 10 milliards € de subventions de l’Etat.

Les cotisations dites « patronales » – en fait, le fruit du travail des salariés – représentent donc 50 milliards d’euros en 2023 – à comparer aux 30 milliards de la fraude fiscale !
Le financement de la sécurité sociale est donc basé sur un mécanisme de solidarité des riches envers les travailleurs et les allocataires sociaux, qui existe depuis 1944 et qui doit absolument être maintenu.

Notons que, en ce qui concerne les dépenses, les pensions représentent 60 milliards d’euros en 2024.

Rappel : le définancement de la sécu par le tax-shift du gouvernement Michel en 2016

Rappelons que ce gouvernement MR – N-VA a organisé le sous-financement de la sécu, notamment en diminuant la contribution patronale à 25% du salaire brut (avant, c’était 32,4%).
Cela fait une diminution de 7,4 % de la masse salariale, c’est-à-dire, pour un salaire de 3 700 euros bruts mensuels (le salaire médian en 2024), 274 euros de cotisations patronales en moins par mois par travailleur.

Selon le bureau du plan ce cadeau aux entreprises représentait 8 milliards de manque de rentrées pour la sécurité sociale en 2024.
Des milliards qui vont essentiellement dans la poche des grands actionnaires.

Johan V

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