Qu’est-ce que c’est …
et surtout qu’est-ce que ce n’est pas ?

Beaucoup de Vieilles et de Vieux s’interrogent bien évidemment sur leur fin de vie.
Parfois avec angoisse, avec la crainte de perdre le contrôle, d’être entraîné.e dans une évolution qu’on ne peut plus maîtriser, de tomber dans ce qu’on considère comme une déchéance.
Beaucoup anticipent donc la possibilité d’une euthanasie, le moment venu.
Mais une certaine confusion règne quant aux décisions qui peuvent effectivement être prises de manière anticipée.
Beaucoup d’entre nous pensent en effet trouver une solution dans la « déclaration anticipée d’euthanasie ».
Malheureusement, les choses ne sont pas si simples, car cette déclaration anticipée ne couvre que certains cas.
Bien sûr, « Je suis immortel…pour l’instant » a dit Jean-Claude Van Damme.
Voici donc une petite analyse qui peut être bien utile pour mettre nos petits papiers en ordre au cas où…
Nous espérons que les clarifications ci-dessous pourront aider certaines vieilles Gangstères, certains vieux Gangsters.
Tout en leur souhaitant de profiter pleinement de leur vieillesse, et notamment de mener encore longtemps avec nous les combats pour la justice, la dignité et le bien-être des générations futures.
Des infos détaillées sur la problématique de l’euthanasie se trouvent sur le site de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) ;
voir aussi sur le site du SPF Santé

La déclaration anticipée d’euthanasie
La déclaration anticipée d’euthanasie est disponible ici -> : (Cliquez ICI).
C’est un document à remplir par la personne qui veut une euthanasie au cas hypothétique où elle serait inconsciente, de manière irréversible (autrement dit un coma irréversible dans l’état actuel de la science).
Elle mandate une ou plusieurs personnes de référence (de confiance) ayant pour mission de demander une euthanasie en cas de coma irréversible.
La déclaration peut être remplie en étant en parfaite santé ou pas.
Les déclarations anticipées effectuées avant le 02/04/2000 doivent être renouvelées après 5 ans ; cela ne concerne plus les demandes effectuées après cette date.
La déclaration anticipée peut être annulée à tout moment par son auteur.
La déclaration anticipée doit être remplie et signée par la personne requérante et deux témoins, dont au moins un des deux ne peut tirer bénéfice de sa mort (être un héritier par exemple).
Le rôle des témoins se limite à constater que c’est bien la personne requérante qui remplit le document.
La personne requérante et les deux témoins doivent signer le même jour.
Il faut ensuite inscrire le nom des personnes de référence qui veilleront à ce que l’euthanasie soit pratiquée en cas de coma irréversible ; elles doivent également signer le document.
Il est vivement conseillé de faire enregistrer cette déclaration dans sa commune même si ce n’est pas obligatoire, ainsi que de donner un exemplaire de la déclaration à son médecin généraliste et de lui demander de l’inscrire dans le dossier médical informatisé (DMI), auquel ont accès les médecins hospitaliers si un patient est hospitalisé en Belgique.
Il faut donc résider en Belgique.

Ce qu’elle couvre, ce qu’elle ne couvre pas
La déclaration anticipée d’euthanasie ne concerne que la personne qui est dans un coma irréversible et qui a fait une déclaration anticipée antérieurement.
Elle ne couvre aucune autre situation, contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent.
Il s’agit donc d’une demande pour une situation hypothétique (qui n’arrivera peut-être jamais) : un coma irréversible, suite par exemple à un accident de voiture ou à une hémorragie cérébrale massive.
Mais elle ne couvre pas le cas le plus souvent redouté par nos concitoyens : la démence, la perte de conscience due à une maladie dégénérative (Alzheimer, Parkinson, etc.)
« Je veux qu’on m’euthanasie au cas où j’aurais une démence et que je ne serais plus capable de reconnaître mes enfants et / ou d’exprimer ma douleur ».
Fréquemment, l’entourage transmet en toute bonne foi ce souhait, maintes fois exprimé par la personne quand elle était encore en possession de tous ses moyens.
Mais cette demande dans le cadre actuel de la loi n’est pas recevable, même si une déclaration anticipée a été faite et enregistrée.
Un espoir de changement
Il y a peut-être à l’horizon une lueur d’espoir que les choses puissent changer.
En effet, la commission pour la Santé et l’Égalité des chances de la Chambre des représentants a entamé l’examen d’une Proposition de loi, proposée par l’Open VLD et cosignée par le PS, modifiant la loi du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie.
Le but est d’étendre la déclaration d’euthanasie anticipée aux personnes devenues incapables d’exprimer leur volonté – voir ICI .
Seraient alors concernés :
– les patients qui ne sont plus capables d’exprimer leur volonté et ne sont plus conscients ;
– les patients en phase terminale qui ne sont plus capables d’exprimer leur volonté en raison de l’affection dont ils sont atteints ;
– les patients qui, en raison du stade avancé de l’affection cérébrale non congénitale dont ils souffrent, se trouvent dans la situation physique ou psychique qu’ils ont décrite préalablement dans leur déclaration de volonté.
Nous y reviendrons bien entendu si cette proposition de loi est votée.
Dr Evelyne L.