Rediffusions du feuilleton de l’été à raison de un par jour.
Afin d’en faciliter la lecture, nous ne diffusons plus que notre réponse au Premier ministre.
Quinzième épisode
« Entre Fergusson et Madoff »
Cher Charles,
Ce n’est pas en vous répétant, en rabâchant comme un sénile grabataire, que vous allez nous convaincre. Les Vieux, c’est nous et vos radotages, c’est pour les très, très, très Vieux !
Épargnez-nous, Charles, votre ritournelle des « harmonie vers le bas », votre « récompense aux seuls premiers de la classe », c’est un peu fatigant.
Nous vous rappellerons simplement Florence Chédotal – « Tant qu’aux âmes bien nées seront réservées les carrières les plus ascensionnelles, tandis que d’autres devront suer d’avantage et mettront plus de temps pour gravir les échelons, tant que les femmes ne seront pas payées à égalité des hommes pour des postes équivalents ou seront freinées dans leur carrière pour avoir donné la vie, votre système à point ne fera que creuser les inégalités. »
On ne vous a jamais demandé ce nouveau système.
Changez de disque, Charles, et plutôt que de chercher à imposer votre vision des Vieux, à votre place, nous craindrions plutôt qu’il ne vous soit pas garanti de pouvoir atteindre un jour cette vieillesse que vous méprisez tant.
« La retraite est souvent un calvaire. Notre combat est celui des valeurs…des valeurs et de la transmission. C’est pour nos successeurs, les futures générations, nos enfants que nous sommes ici présents. Car la retraite qui, pour beaucoup, n’est que le couloir de la mort, est aussi un enfer avant le trépas, elle a souvent un horrible compagnon, du genre de celui qui ne fait pas crédit, j’ai nommé la misère. Une pauvreté qui, le plus souvent, s’ajoute à la découverte inattendue d’un corps, le sien, qui décide, passé un certain cap, de ne plus vous servir, de faire des siennes, regimbe, grince, plie, s’enflamme, se gonfle ici ou là d’une saloperie de tumeur ou se racrapote. On découvre alors les joies de l’hôpital, les médecins, les médicaments aux goûts et aux noms barbares…tout ça coûte énormément d’argent…chose fort rare lors de la pension. » – M. Hermanus
Et pour ce qui est des garanties, en quoi votre « Pension à point » nous garantit-elle quoi que ce soit ? Nous nous sommes déjà longuement attardés sur cette aberration. Et en plus, vous vous contredisez d’un paragraphe à l’autre !
Vous allez jusqu’à prétendre que ce serait votre système de « Pension à point » ou votre « Pension complémentaire » qui va « GARANTIR LA SOUTENABILITÉ » ? C’est grotesque ou c’est loufoque ?
Nous, Cher Charles, nous pensons que ce n’est ni l’un, ni l’autre. Nous vous croyons au contraire supérieurement intelligent. Ce qui vous rend d’autant plus méprisable. Mais dans ce cas, il n’y a qu’une alternative :
Pour vous, les Vieux sages que nous sommes, c’est quoi ?
Des caduc ? Des séniles ? Des décrépits ? Des gaga ? Des gâteux ? Des ramollos, ramollis ? Des sénescents, bref, des imbéciles ?
Tous les Politiques garantissent ce qui n’engage que ceux qui les croient.
Comble, vous vous contentez de la plus grande ambiguïté en ce qui concerne vos projets. Ce n’est peut-être pas votre faute.
Une mauvaise chute ?
Une insolation ?
Garantir implique que vous soyez responsable…
Et alors ? C’est justement là que se situe le problème, parce que votre problème s’arrêtera dès demain. Et 2025, c’est loin…
D’accord, se battre pour 2025, c’est bien la preuve que c’est d’abord pour les plus jeunes que le Gang des Vieux en Colère a décidé de vous barrer la route.
Mais voilà, au mieux, vous ne serez peut-être déjà plus responsable de quoique ce soit en juin 2019. Alors fin 2025, vous pensez…
Quand votre « retraite à point » sera, enfin étudiée sur le terrain et qu’il faudra attendre au mieux 2026 pour que les résultats d’une première évaluation de ses avantages ou de ses inconvénients soient connus, que serez-vous devenu ?
C’est du grand art, une stratégie magistrale.
C’est génial !
Vous promettez, vous garantissez mais en 2026 il y aura prescription.
Décidément, oserions-nous voire en vous, cher Charles, un arnaqueur de génie ?
Un Arthur Ferguson du 21ème siècle, le cousin belge de Bernie Madoff ?
Certainement pas, voyons. Ce serait de la calomnie.
Quoique une « garantie virtuelle »…
Garantir combien ?
Et jusqu’à quand ?
Déjà dans l’épisode 10, nous vous rappelions les promesses de Johan Vande Lanotte, qui nous garantissaient un « Fonds de vieillissement » pour financer pendant au moins vingt ans, entre 2010 et 2030, le versement de pensions décentes pour toutes les Vieilles et tous les Vieux.
Souvenez-vous, ce fond garanti avait atteint les 21,5 milliards d’euros en 2015.
Et soudain, en 2016, Pfuiiit … Les milliards, envolés.
Plus rien, nada, plus un sou dans cette caisse.
Moralité : Aucun euro pourtant « garanti » ne sera jamais versé au moindre retraité.
Garanti ? Vous avez dit garanti ?
Ça vous oblige ou ça vous engage ?
Et vous continuez, Charles, à affirmer :
« En revoyant la structure même de notre régime de pension, la « pension à point » va le moderniser et lui garantir une pérennité. »
Vous osez prétendre ça sans rire ?
Chaque point de cette Pension sera lié à la bonne santé du budget de l’État et sérieusement vous nous promettez que ce point ne sera jamais ni gelé, ni diminué ? Sans rire ?
Vous vous souvenez de ce petit budget consacré à l’enveloppe « Bien-être » pour soutenir le montant de nos retraites ?
Il nous avait été promis, garanti, depuis 2005.
Pourtant, Pfuiiit… On nous l’a déjà réduit, de 40% de sa valeur pour la 2ème fois depuis son instauration (en 2013- 2014 et 2017-2018).
Pourquoi ?
Juste pour faire participer tous les petits retraités aux mesures gouvernementales d’austérité en vue d’équilibrer le budget de l’Etat ?
Promis ? Garanti ? Vous avez dit garanti ? Comme c’est étrange…
Et voilà que c’est reparti !
Votre sempiternel lien subjectif, abstrait et abscons entre l’âge d’un cœur et le travail.
Voilà que vous perdez encore dans une dialectique qui a été très longuement décortiquée, et battue en brèche dans les précédents épisodes par notre petite équipe de Vieilles et de Vieux rédacteurs en Colère :
« Renforcer le lien entre la carrière professionnelle prestée et la pension ».
Vous souvenez-vous que cette « argutie du chacun pour soi » a déjà été critiquée, atomisée et réfutée définitivement dans les épisodes 4, 5, et 6 …
Opposer tous contre tous ?
Arrêtez de tout faire pour tenter de détricoter cette solidarité que nos aïeux ont mise en place depuis plus de 70 ans en signant un « pacte social », basé, lui, sur la solidarité ! Souvenez-vous, Charles, l’un de vos mentors a dit :
« Quand la vie bascule, la solidarité doit être totale » – Jean Gol
En 44, l’arrêté-loi de Van Acker avait déjà instauré la sécurité sociale obligatoire. Et cela nous avait été promis et garanti !
Mais bon, puisque vous vous acharnez à tenter, machiavélique, de nous monter les uns contre les autres, même dans les dernières heures de notre vie, nous y reviendrons, c’est promis, une dernière fois dans l’épisode 18.
Persuadés que vous œuvrez pour le bien-être de tous et que tout ceci n’est qu’un malentendu, nous vous prions d’accepter, Monsieur le Premier ministre, Cher Charles, l’assurance de notre plus exigeant respect.
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