Faciliter l’accessibilité aux transports publics !
Suite à la descente du GANG sur Liège, Christiane B, Vieille Gangstère active et dynamique, nous écrit :
Je résume l’histoire.
J’avais réservé pour le 9 septembre une assistance PMR pour mon retour d’Ostende (où j’avais passé 15 jours dans un Centre de revalidation) à Marloie.
D’habitude cela fonctionne très bien mais cette fois, à Ostende l’assistante semblait de méchante humeur. Reproches, entre autres parce que j’avais pris un billet de 1ère classe (plus facile pour y placer mon rollator), alors que les classes de première sont à étage donc inaccessibles pour moi. Comment aurais-je pu le savoir ?
Arrivée à Bruxelles-Midi, aucun assistant ne m’attendait pour m’aider à prendre la correspondance. Des voyageurs m’ont aidée, les ascenseurs étaient en panne, il a fallu prendre l’escalier roulant et la voyageuse qui gentiment m’aidait et moi avons risqué l’accident…
Arrivée à Marloie, on ne m’attendait pas, mon nom avait été barré car le chef de gare avait reçu une note disant que je n’étais pas dans le train d’Ostende.
Bref le cafouillage complet que j’ai signalé en détail par lettre à la SNCB. (…) La SNCB m’a répondu, s’est excusée et j’ai constaté que ma missive avait été lue avec beaucoup d’attention.
Christiane le dit parfaitement dans sa lettre à la SNCB :
« J’ai 94 ans mais suis heureuse d’avoir l’occasion de me déplacer, car se déplacer c’est continuer à faire partie de la société, à participer, à s’informer, à transmettre, à aider et aussi à se distraire. Pour moi et pour beaucoup d’autres je suppose, c’est continuer à exister avec les autres, c’est essentiel.
Je vous remercie donc, comme vous l’avez écrit, de continuer à placer dans vos priorités l’accessibilité des trains. »
Pour une vieillesse active, il faut pouvoir bouger !
Et une autre histoire de train authentique…
Chronique du train-train : l’inconnu au drapeau rouge et la gardienne de chèvres
Alors que je terminais mon sudoku, la micheline a freiné à hauteur du quai de Beignée. Immédiatement une lueur de doute s’est allumée dans les yeux autour de moi. Ce n’était pas normal. Après quelques minutes d’attente silencieuse, l’accompagnateur du train, un peu gêné mais sympa, est venu nous annoncer la raison de cet arrêt inopiné : un inconnu avait brandi un drapeau rouge, obligeant le conducteur à arrêter le train par mesure de sécurité. Donc pas un vol de cuivre, ni un sanglier, ni une vache ni même un cheval, mais un inconnu avec un drapeau rouge. Malgré moi, j’ai pensé à du théâtre chinois mais c’était seulement le quotidien banal sur une ligne de train pas encore électrifiée du sud de Charleroi.
Les langues se sont déliées. Ma voisine, une jeune chercheuse d’emploi, s’est écriée « Les gens quand même! », puis on a parlé de chats car une motarde s’inquiétait pour son chat diabétique qui attendait sa piqûre d’insuline. Quelques photos ont été montrées à l’insu des rennes (c’est-à-dire sans passer par les data centers au nord de la Finlande). Qui était cet inconnu au drapeau rouge ? Personne ne l’avait vu. L’accompagnateur avait pourtant sa petite idée car selon lui, il fallait bien connaître les directives de sécurité de la SNCB pour brandir ainsi un drapeau rouge sur la voie… Une femme a imaginé une attaque de train ou un monstre surgissant des bois mais tout restait calme et l’inconnu avait disparu. Nous, nous restions là, bloqués au milieu des arbres, alors que les oiseaux s’apprêtaient déjà à rejoindre leurs nids pour la nuit.
Quelques minutes plus tard, l’accompagnateur nous explique les yeux dans les yeux sur le mode escape game que nous pourrons démarrer lorsqu’un agent de la SNCB nous apportera en voiture un drapeau vert de la gare de Charleroi central. Cela prendra du temps mais les fumeurs pourront descendre par la porte arrière sur le petit bout de quai si le conducteur est d’accord. Il est d’accord. Quelques personnes descendent fumer et d’autres attendent qu’on vienne les chercher. Un homme risque seul la traversée de la forêt qui nous entoure avec sa trottinette. On ne l’a plus revu. Comme je ne fume pas, que personne ne viendra me chercher et que je n’ai pas de véhicule de remplacement dans ma valise à roulettes, je reste stoïque à ma place et je parle avec mes voisines. Outre la chercheuse d’emploi imaginative et la motarde au chat diabétique, il y a son mari fumeur et deux jeunes flamandes en vacances dans la région avec leur border coolie, gardienne de chèvres à La Roche. Un peu de passé surgit furtivement.
Nouveau retour de l’accompagnateur qui nous rapporte maintenant que le porteur de drapeau vert arrivé de Charleroi doit remettre un télégramme au conducteur et que ça va prendre encore 20 minutes. Un télégramme? Le jeu n’est pas terminé. La chevrière et son amie ouvrent une bouteille de vin et mangent des Tuc. Les fumeurs reviennent et, à nouveau, l’accompagnateur, avec une mauvaise nouvelle: le train n’ira pas au-delà de Philippeville et roulera à 30 km/heure en klaxonnant. Classique mais embêtant car ma voiture se trouve à Mariembourg, une gare après Philippeville. Le couple de motards propose de me déposer mais je pense au chat diabétique et je refuse de le laisser mourir. J’attendrai le train suivant qui, paraît-il, nous suit à 10 minutes – si un inconnu ne brandit pas etc.…
Quelques minutes plus tard, nouveau changement : le train va bien à Mariembourg car le conducteur y a sa voiture. Quelle chance! Nous descendons donc dans la petite gare fermée où un gars d’Infrabel nous tend une bouteille d’eau avec les excuses de la SNCB. Je pars déposer les deux jeunes femmes et la chienne à leur bivouac de Boussu-en-Fagne. Là j’apprends que l’une d’entre elles est déjà venue consulter Infor GazElec, l’asbl dans laquelle je travaille, concernant les factures d’énergie d’un squat à Bruxelles.
Cinq heures pour rejoindre mon domicile mais cinq nouvelles potes, en ce compris une border coolie ! La vie est pleine de chouettes rencontres avec un ticket senior à 7 euros 80 aller et retour, et encore plus belle si les transports en commun étaient gratuits pour les vieilles et les vieux.
Anne M., septembre 2023