LES “QUEER” VIEILLISSENT AUSSI !

Récemment le Pink Screens 2024 proposait un focus sur le « vieillir queer ».

QUEER ?

  • PINK SCREENS, littéralement « Écrans (de ciné) Rose » : un cinéma, des films, dont les personnages et les problématiques abordent les questions queer sous un aspect ou un autre.
  • QUEER ? Cuir?
  • Non, Queer !
    C’est-à-dire : LGBTQIA+
  • Ah ?
  • Oui, l’ensemble de la diversité sexuelle et de genre : lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queer, intersexes, asexuelles plus les oublié.e.s de la liste.
    Bref, des personnes hors norme
  • Les Homos quoi !
  • Pas que !
    Si tu ouvres grands tes yeux et tes oreilles à ces questions-là, tu vois une infinité de nuances.
    Tu vois évidemment des hommes attirés par des hommes et des femmes par des femmes. Mais tu vois aussi des hommes féminins et des femmes masculines pas nécessairement homos, qui se sentent à l’étroit dans nos façons conventionnelles de concevoir non seulement le couple et la vie amoureuse, mais aussi la distinction hommes/femmes.
    Petits, à l’école, ils ont été moqués, ces garçons-là, on les traitait de pédales, ces filles-là de hommasses. En grandissant la plupart ont appris la dissimulation, d’autres ont refusé de se cacher et se sont souvent retrouvés exclus de leur milieu, marginalisés ; c’est bien douloureux tout ça !

T’EXAGÈRES PAS UN PEU ? 

  • T’exagères pas un peu ? 
    On les accepte maintenant !
    D’ailleurs on en voit partout, à croire qu’on leur fait de la pub ! on en parle tout le temps à la radio, à la télé… même dans des tas de films au cinéma !
  • Bizarre que tu aies cette impression ! Parce que côté acceptation, c’est plutôt en train de régresser* ! 
    Tu dis que tu en entends parler, mais tu oublies tous les faits de violence graves qui vont parfois jusqu’au meurtre ! ça aussi, on en parle !

QUAND ILS VIEILLISSENT…

Etre queer, quand on est jeune, beau/belle… question tolérance, ça passe.
Avec l’âge, et l’âgisme qui règne, les clichés sont impitoyables et de plus en plus cruels. La vieillesse vient encore ajouter une couche aux discriminations.
Quand ils vieillissent, les choses s’aggravent encore !
Déjà que les gens s’imaginent que les vieux n’ont plus de sexualité, alors être homo, ou lesbienne, tu penses !

  • S’aggravent ?
  • Les discriminations avec des répercussions dans leur quotidien, sur leur santé.
    Par exemple, ils ont des difficultés à trouver un médecin ouvert d’esprit et tolérant qui soit en plus à l’écoute de leurs problèmes spécifiques. Les services de santé sont rarement formés à l’accueil de cette population.

J’ai deux amis, deux hommes qui vivent ensemble, la septantaine.
Leur terreur c’est de devoir un jour aller en maison de repos et de devoir à nouveau faire face aux sarcasmes et aux vexations ou alors de « rentrer dans le placard »…
Dissimuler à nouveau! Tout en reconnaissant qu’ils ont bien de la chance d’être deux, que beaucoup de leurs amis vivent seuls et souffrent de solitude.

Quand on est homo ou trans, on n’a la plupart du temps pas d’enfant.
Les familles souvent ont préféré les ignorer, donc oui, c’est souvent seuls qu’ils doivent faire face aux problèmes liés au vieillissement.
La vieillesse n’a jamais arrangé le sort de minorités.

ARC EN CIEL AMBASSADEURS

  • Il leur est donc bien nécessaire de s’unir.
    La communauté queer s’organise, et c’est une ressource essentielle pour celles et ceux qui sont en questionnement et/ou en difficulté.
    A Bruxelles et dans les autres grandes villes du pays, on trouve des Maisons Arc en Ciel, des « Rainbow house » qui sont à la fois centre culturel, lieu de rencontre et de soutien et siège d’un réseau d’associations assez unique. Un lieu ouvert à cette diversité-là, où tous peuvent s’exprimer sans crainte.
    Et parmi ces associations, il y a les « Arc en Ciel Ambassadeurs », ce sont leurs vieux, leurs vieux Queers.

Ils revendiquent la non-discrimination, d’être partout bien traités, de jouir des mêmes droits que les autres, en matière de soins de santé notamment, que les professionnels tiennent compte de leurs spécificités. Ils ont une charte visible ici : https://rainbow-ambassadors.be/nl/manifeste-rainbowambassadors/

PINK SCREENS…2025 ?

C’est vraiment un bon signe qu’un festival tout public comme le Pink Screens, ait mis l’accent cette année sur la vieillesse parce que c’est aussi un espace où les films ne se contentent pas de divertir mais interrogent et provoquent. Et tu apprends plein de choses ! Il y a aussi des débats et une grande fête de clôture.

On a pu y voir cette année quelques très bons films qui mettent en lumière une extraordinaire variété de vécus, de destins, de façons d’aimer. …Et de Vieillir !

C’est une occasion pour la communauté de sortir de l’ombre, comme à la gay pride, une occasion de mettre nos préjugés à l’épreuve !

– Mais moi, j’ai pas de préjugés !

– Te prends pas la tête, des préjugés on en a tous, faut juste les tenir à distance !
Alors…L’an prochain, tu m’accompagnes au Pink Screens 2025 ?

*ces cinq dernières années, augmentation en Europe des violences à l’égard des homosexuels et des trans : source : https://fra.europa.eu/en/news/2024/harassment-and-violence-against-lgbtiq-people-rise

Colette B

En guise de post-scriptum : la réaction d’un vieux Gangster à notre projet d’article

Merci pour cet article qui répond à une attente réelle des LGBT+.
Trop d’homophobie, qui ne cesse d’augmenter dans nos villes et villages, due notamment à des Religions archaïques !
Gay je suis, et gay j’assume.
Je me suis battu des années pour des droits égaux, contre l’homophobie latente.
Ma plus grande réussite fut en 2007 obtenir du conseil communal de ma ville de Verviers, une reconnaissance de la déportation des LGBT par le régime nazi.
1ère ville de Belgique et 2ème d’Europe.
J’ai reçu lors de mes permanences de nombreux jeunes rejetés et stigmatisés par leurs parents.
Mais aussi des « Vieux et Vieilles » ayant dû se terrer, se cacher et vivre très mal leur nature.
Ne pas oublier que les LGBT furent considérés comme malades mentaux par l’OMS (considérés comme pervers)…
Je connais des gays de ma génération ayant été internés, à la demande des parents, et qui souffrent toujours aujourd’hui, 40 ou 50 ans plus tard.

Merci encore pour ce bel article.
DL

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