Inaccessibles, les soins de santé ?

Liages, ASBL du réseau SOLIDARIS, a organisé le 19 décembre 2024 un colloque sur ce sujet à Bruxelles.
(https://www.liages.be/laccessibilite-aux-soins-de-sante-en-danger-retour-sur-notre-conference/)

Le Gang des Vieux en Colère était présent, les écoutilles bien ouvertes.
Voici ce que le Gang en a retiré.

L’accessibilité aux soins de santé est-elle en danger ?

La Belgique bénéficie de soins de santé de qualité.
Cependant la pénurie de médecins, du personnel soignant, et les difficultés budgétaires de l’Etat, mettent le secteur hospitalier en grandes difficultés financières (80% des hôpitaux sont dans le rouge).
Les chiffres sont alarmants, et prouvent qu’ il est grand temps de revoir le financement des soins de santé et de modifier le modèle actuel de productivité forcée des hôpitaux.

La précarité augmente

Le vieillissement de la population qui n’a pas été correctement anticipé augmente la fragilité du système.
A la question « Avez-vous dû renoncer à des soins de santé ces 12 derniers mois ? », 4 personnes sur 10 ont répondu avoir renoncé à des soins de santé par manque d’argent.
Ces renoncements concernent particulièrement les soins chez les prestataires de soins non conventionnés tels les dentistes, les spécialistes, les soins de santé mentale.
Et atteignent le plus durement les personnes les plus vulnérables comme les BIM, les familles monoparentales, les personnes en incapacité de travail de longue durée (qui sont donc déjà en mauvaise santé), et les seniors.
Chez les plus de 60 ans et les femmes âgées vivant seules, le pourcentage augmente encore, passant à 6 personnes sur 10.

Un système en crise

Le système hospitalier, lui, soufre d’une pénurie grave de médecins et de personnel soignant, les délais pour les RV s’allongent, le taux de médecins spécialistes déconventionnés totalement ou partiellement augmente, entraînant des suppléments d’honoraires que seuls les plus nantis peuvent se payer.
Tout concourt à accentuer les inégalités dans l’accessibilité aux soins.

Le système de financement à l’acte des hôpitaux est malsain car il peut entrainer une surconsommation d’actes techniques inutiles pour combler le déficit, ce qui est inacceptable.

L’accès aux soins de santé de qualité : une utopie ?

Le financement des soins de santé est un choix de société, d’humanité et de justice sociale, la déshumanisation des soins et l’augmentation des inégalités sociales dans les soins de santé sont inacceptables.
Le système doit être reformé pour être préservé, cela doit être une priorité politique.
Le Gang dit exactement la même chose.

Quelles sont les pistes ?

La politique en matière d’accessibilité des soins de santé doit être globale et transversale, en agissant à la fois sur les mécanismes de protection des plus vulnérables et un conventionnement plus solide.

Rappelons qu’en Belgique, les dépenses en soins de santé par habitant sont proches de la moyenne européenne mais la part prise en charge par la sécurité sociale est inférieure (76%) à la moyenne européenne (81,1%).

Des propositions concrètes

Liages fait notamment les propositions suivantes :

  • La norme de croissance du financement des soins de santé doit être revue à la hausse et passer à 3,3% pour faire face à l’augmentation du coût de la vie.
  • Le prix des médicaments est à revoir à la baisse, spécialement le prix des médicaments innovants dont le prix est fixé de manière opaque.
  • Il faut supprimer le numerus clausus pour les médecins et arrêter d’aller chercher des médecins dans d’autres pays.
    Cette pratique crée des problèmes de communication (langue) chez nous et une pénurie médicale accrue chez eux.
  • Il faut augmenter les incitants pour un conventionnement des médecins spécialistes, des dentistes, des psychologues, logopèdes etc. afin de lutter contre les suppléments d’honoraires (les médecins généralistes quant à eux sont déjà conventionnés à 98 %).
  • En outre, il faudrait faire une planification des cabinets médicaux pour lutter contre les déserts médicaux.
  • Pour lutter contre la pénurie des soignants dans les hôpitaux, il faut revaloriser la fonction, améliorer la formation et évidemment améliorer les conditions de travail
  • Il faut abandonner le système de financement à l’acte des hôpitaux au bénéfice d’un système forfaitaire et envisager des fusions hospitalières sur un modèle financier différent de celui qui est appliqué actuellement.
    En effet, ce dernier a des effets pervers, comme des ré-hospitalisations pour des personnes qui n’auraient pas dû sortir de l’hôpital si vite : le financement des soins diminuant en fonction du nombre de jours d’hospitalisation, l’hôpital « préfère » raccourcir le séjour pour en créer un second !

Mais où trouver les sous ?

Comme le faisait remarquer Jean-Pascal Labille lors du colloque, une simple comparaison suggère subtilement la solution :

  • – Coût budgétaire de l’augmentation des dépenses publiques de soins de santé à l’horizon 2050 :
    13,4 milliards €
  • – Coût budgétaire du Tax Shift et de la réforme de l’impôt des sociétés du gouvernement MR/NVA présidé par Charles Michel :
    14,8 milliards €

Alors… qu’est-ce qu’on attend ??

Le Gang des Vieux en Colère ne peut qu’être d’accord avec ce qui a été proposé.
Ces propositions se retrouvent d’ailleurs déjà dans notre Mémorandum

Evelyne L.

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