La course à l’échalote numérique

Vous connaissez la course à l’échalote ?
Elle se fait à deux : le deuxième agrippe le premier par le col et le fond de la culotte pour le faire avancer.
C’est le symbole même de la course entre la population et le tout-numérique !

Tout ça pour votre certificat d’assurance !

Par exemple, pour obtenir votre certificat d’assurance auto, vous devez vous plier à une suite d’opérations informatiques avec identifiant, mot de passe, confirmation par mail et autres contraintes.
Beaucoup de gens ne savent pas où trouver toutes ces références et se mettent à tourner dans un manège endiablé en cliquant sur des liens qui les propulsent vers des zones inhospitalières.
Vous tournez sans fin et pas moyen de décrocher la floche !

Mamy fait de la résistance !

Mylène B a refusé de monter dans le manège.
En lisant la mention d’Ethias « Le certificat d’assurance (ex-carte verte) de votre véhicule immatriculé xxxxxxx est disponible dans votre Espace Client. Vous ne recevrez donc plus de version papier par la poste », son sang n’a fait qu’un tour !
Elle a interpellé l’assurance en termes fermes et teintés d’humour !
Voici son courrier à Ethias :

Bonjour,
Je reprends votre phrase : « Nous sommes là pour vous » déclarez-vous sur votre site. J’ai 78 ans et je ne suis pas équipée pour imprimer mon certificat.
Pourriez-vous me l’envoyer (sans frais supplémentaires puisque je paie mon assurance) ?
 Ou me préciser : si je suis arrêtée sans moyen de le montrer à la police (vous imaginez bien que je n’ai pas les applis nécessaires sur mon gsm), si c’est de votre responsabilité ?
Merci.
Mylène B

Après une belle persévérance pour trouver le bon correspondant, Mylène a fini par obtenir satisfaction.
Elle recevra dorénavant par la poste son certificat d’assurance.

Alors chères, chers, gangsters et non-gangsters, faites comme Mylène.
Ne sous-estimez pas votre pouvoir !
Exprimez votre désaccord avec l’imposition numérique et faites valoir vos droits !
Avec de l’humour, si possible, ça aide.

Une « ambassadrice de l’IA »

Nous avons récolté dans Le Soir (22/10/24) l’interview de E. Kathy Pham, ingénieure et vice-présidente de la branche dédiée à l’intelligence artificielle (la fameuse « IA ») chez le géant américain des ressources humaines et de la finance, Workday.
Pour elle, le progrès s’inscrit dans le développement de cette IA 
« C’est ça, la révolution.
 Les outils sont devenus accessibles à tous.
Il faut désormais convertir cette nouvelle manière d’interagir avec la machine afin qu’elle permette d’augmenter la productivité des employés
(tiens, tiens, c’est donc ça !) ».
Et elle ajoute :
« Bien sûr, si on pose une question, on doit pouvoir être certain que la réponse sera correcte ».
Mais elle vend la mèche sur les « immenses mérites » de l’IA :
« Les outils sont là pour aider mais au bout du compte, c’est toujours l’humain qui doit vérifier les résultats obtenus par la machine ».
Je vous laisse méditer cette conclusion…

Lucky Luke n’a rien perdu de son humour !

Le rôle joué par l’IA peut s’étendre à bien des domaines.
À Hollywood, les scénaristes, qui écrivent les histoires et les dialogues des films, ont fait une grève qui a duré un an pour protester contre les studios qui faisaient travailler l’IA à leur place et du coup remettaient en cause leur emploi.

Plus près de nous, Jul, scénariste de la BD Lucky Luke, raconte dans une interview sur France Inter que l’IA est capable de construire et rédiger une histoire, mais pas de manier l’humour !
Jul a essayé de jouer avec l’IA : « M et Mme Thérieur ont deux fils, comment s’appellent-ils ? Alain Thérieur et Alex Thérieur ».
Aucune réponse sensée de la machine et aucune compréhension de l’humour généré par les jeux de mots…

C’est bon à savoir pour le Gang, dont l’humour est l’arme préférée !

Aucune loi n’impose le tout-numérique ! Il faut un débat public !

« On pousse les gens à utiliser le numérique en pourrissant la vie de ceux qui ne l’utilisent pas.
On va par exemple imposer des heures de file parce qu’il n’y a pas assez d’humains derrière un guichet.
On met en place des services téléphoniques où un robot nous dit que l’on est le 19e dans la file d’attente mais que le site internet est très bien conçu. » –
Elise Degrave

Elise Degrave, professeure à l’Université de Namur, est régulièrement auditionnée par les pouvoirs publics en tant qu’experte en droit public numérique.
Elle nous rappelle que le numérique n’est pas une fatalité et qu’aucune loi ne l’impose.
Ce n’est qu’un outil !

À plusieurs reprises, le Gang et la Plateforme contre le tout-numérique ont réclamé un débat public sur la digitalisation.
On n’est pas dupes !
Le tout numérique…c’est tout bénéfice pour les riches, les entreprises, les GAFAM au détriment de la population à qui on fait perdre son temps.

Elise Degrave déclare encore dans Le Soir (22/12/24) :
« Sans consultation, cette dernière semble avancer à marche forcée et des dégâts humains et matériels sont inévitables.
Cette marche forcée est vouée à se prendre les pieds dans le tapis des droits humains.
Les citoyens et les responsables politiques doivent se poser les bonnes questions avant de remplacer les humains dans les guichets par des algorithmes.
Le droit ne peut être traduit par des formules mathématiques. »

Le numérique n’est pas une fatalité, aucune loi ne l’impose. Ce n’est qu’un outil !
Le Gang proclame que le tout-numérique dégrade le bien-être des citoyens !
Les Vieilles et Vieux ne sont pas les seuls en difficulté. Près de 50% de la population est concernée.
Le Gang se bat contre les discriminations, y compris celles liées à l’âgisme.
Le Gang se bat aussi contre la tendance à représenter le vieillissement de la population et l’allongement de la durée de vie comme une charge, au lieu de les montrer avant tout comme un progrès pour l’humanité.

Manu D

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