Rediffusions du feuilleton de l’été à raison de un par jour.
Afin d’en faciliter la lecture, nous ne diffusons plus que notre réponse au Premier ministre.
Neuvième épisode
« Un écran de fumée pestilentielle sortait de l’enveloppe »
Cher Charles,
N’auriez-vous pas mieux comme bilan de saupoudrage (déjà rendus obligatoire par vos prédécesseurs) à nous agiter sous les yeux comme un trophée ?
Voyez-vous, monsieur le premier ministre, nous ne sommes que 12 Vieilles et Vieux à nous pencher sur votre analyse économique. 12 anciens économistes, Sénateurs et Députés de tous bords et les chiffres que vos administrés nous jettent à la figure, ça ressemble plus à des gouttes d’eau dans la mer qu’à une réelle politique humaine.
La vérité c’est que si en effet, ce gouvernement a un tout petit peu réajusté les pensions des plus pauvres, en fonction du coût de la vie, il ne s’agit, ni plus, ni moins, d’une aumône.
Savez-vous que déjà, il y a cent cinquante ans, Hugo, le prénommé Victor, écrivait :
« Donnez, afin qu’on dise : Il a pitié de nous !
Afin que l’indigent que glacent les tempêtes,
Que le pauvre qui souffre à côté de vos fêtes,
Au seuil de vos palais fixe un œil moins jaloux. »
Des miettes tant attendues pour tenter de calmer le jeu… Pas de quoi pavoiser !
Vous n’avez fait que mettre la main dans la petite enveloppe « bien-être »que vous aviez vous même cadenassée dès votre arrivée au pouvoir. Vous savez, cette petite enveloppe budgétaire « bien-être » qui avait été instaurée en 2005 par vos prédécesseurs ? Soit 9 ans avant le début de votre règne.
Mais oui, cette enveloppe dont l’objectif était d’augmenter tous les 2 ans le montant des allocations sociales au-delà de l’index afin de sortir les retraités les plus pauvres, de la misère ?
C’est pourtant cette enveloppe qui vous permet de faire semblant d’avoir fait des efforts pour les plus démunis. Une enveloppe de poudre de perlimpinpin, poudre aux yeux… écran de fumée nauséabond pour faire semblant…
Alors si vous saviez bien que cette enveloppe étriquée, rikiki, ridicule était totalement insuffisante pour sortir de la misère les retraités qui reçoivent une aide financière via l’aide sociale, pourquoi refusez-vous de l’augmenter ?
Parce que ?
Parce que vous avez sacrifié les Vieux sur l’hôtel de votre sacro-saint « accord gouvernemental » en fermant l’enveloppe budgétaire des pensions, de l’intérieur du 16 rue de la loi. Pourtant, de l’argent, il y en a.
Il vous suffirait de demander à vos amis Kris Peeters et Johan Van Overtveldt de réduire l’évasion et la fraude fiscale au taux zéro et d’un geste, 260,7 Milliards d’Euros rentreraient dans les caisses chaque année !
Vous le saviez, Daniel Bacquelaine le sait aujourd’hui, tout le gouvernement sait qu’un très grand nombre de pensionné(e)s vivent aujourd’hui et vivront plus que jamais demain, en-dessous du seuil de pauvreté qui n’est pourtant que de 1.115€ brut, en Belgique.
Et ce, malgré les 6 enveloppes « bien-être » qui ont déjà été utilisées pour augmenter les pensions ; celle de 2007-2008, de 2009-2010, de 2011-2012, de 2013-2014 et les deux enveloppes auxquelles vous faites référence : celle de 2015-2016 et celle de 2017-2018.
Alors pourquoi, cher Charles, n’avez-vous pas, simplement, lié le montant des retraites légales par répartition, l’ensemble des allocations sociales et les aides financières octroyées par l’aide sociale comme le RIS (Revenu d’Intégration Sociale) et la GRAPA (Garantie de revenus aux personnes âgées) à l’évolution des salaires bruts ?
C’est pourtant sur cette base et sur une base de rattrapage du temps perdu à ne rien faire que nous les Vieilles et les Vieux très en Colère, nous en sommes arrivés à revendiquer ce relèvement de la pension minimale pour tous et toutes, à un montant de retraite égal (calculé en 2017) de 1.500 € net liée au bien-être.
Parce que, Cher Charles, (que ce soit vous ou pas) lors de la prochaine législature, Il ne suffira pas de rétablir par une loi une liaison automatique et structurelle des pensions légales par répartition à l’évolution des salaires bruts, Il faudra aussi vraiment programmer une solide politique de rattrapage des allocations sociales. Et ce rattrapage devra encore être plus conséquent pour les femmes dont les retraites sont encore toujours moins élevées que celles des hommes.
Parce qu’enfin, comme disait Carné – « On ne peut quand même pas tout leur prendre, aux pauvres ».
Veuillez accepter, Monsieur le Premier ministre, Cher Charles, l’assurance de notre plus exigeant respect.