L’organisation de seniors « OKRA » (Open, Kristelijk, Respectvol en Actief) a contacté 800 maisons de retraite /et de soins (MR/MRS) en Flandre, et a analysé leurs prix.
Seulement 26 % des MR/MRS en Flandre appartiennent au secteur public, 40 % au secteur associatif, et 32 % au secteur commercial (dominé par trois multinationales françaises : Korian, Armonea et Orpea).
Le double de la pension moyenne
Prix moyen du séjour en maison de retraite, par mois :
– secteur public (CPAS) : 2039 €
– secteur associatif : 2111 €
– secteur commercial : 2274 €, soit 12% plus cher que le public
Donc presque le double de la pension moyenne, qui est de 1422 € pour les hommes, 1022 € pour les femmes.
Il faut cependant noter que ces moyennes ne distinguent pas les prix en chambres individuelles ou en chambres doubles, ce qui fausse quelque peu la vision. En effet, le coût nettement moins élevé des chambres doubles fait baisser la moyenne et on ne se rend pas compte des tarifs très élevés des chambres individuelles. Pour ceux qui ont des revenus faibles ou émargent au CPAS, c’est le plus souvent la chambre commune.
Quoi qu’il en soit, l’OKRA a le grand mérite d’avoir fait le travail, car effectivement, le secteur public n’a actuellement aucune vision des prix réellement facturés (uniquement les tarifs annoncés) et ne fait pas de statistiques sérieuses.
L’indexation des pensions ne suit pas
L’OKRA observe que les tarifs ont augmenté de 3 à 4% depuis le début de l’année (respectivement 3,2%, 2,7% et 4% pour les trois secteurs).
Soit plus que l’indexation des pensions.
Cause : les pensions suivent l’index lissé (qui notamment ne comprend pas le prix de l’énergie), tandis que les tarifs suivent l’indice des prix à la consommation (qui les comprend).
Conséquence : comme le conclut l’OKRA : « À chaque indexation (…) la maison de repos prélève une part plus importante du revenu net ou de l’épargne des résidents. »
Le GANG exige que les tarifs soient limités à l’augmentation des pensions.
Pour un plafonnement des tarifs
Comme le Gang des Vieux en Colère, l’OKRA réclame un plafonnement des tarifs.
Il est inadmissible que toute la pension des résidents file dans les frais de résidence, sans compter la contribution qui est exigée des familles.
Le GANG réclame que les résidents puissent disposer au moins de 10% de leur pension comme argent de poche !
Le 4 janvier 2020, le Gang des Vieux en Colère a joyeusement envahi une maison de repos…
…pour partager la galette des Rois avec les résidents
Pour la transparence des comptes
L’OKRA a épluché les comptes et observé que les institutions commerciales, en particulier celles appartenant aux grands groupes internationaux, parviendraient à transférer à des structures commerciales et à leurs actionnaires des fonds publics qui sont en principe destinés à la prise en charge des résidents : « Il n’y a absolument aucun aperçu de la manière dont les ressources sont utilisées et de ce qui s’écoule vers les actionnaires (étrangers) et les acteurs commerciaux. »
Ces manœuvres se déroulent via des frais de location, des frais de gestion et d’autres jeux comptables, rendus possibles par l’absence d’un plan comptable uniforme imposé à tous les centres de soins résidentiels.
Le GANG revendique la transparence des comptes des institutions, afin de pouvoir vérifier que les fonds publics sont bien destinés à la prise en charge des résidents et non détournés à des fins commerciales et au profit des actionnaires ou d’autres acteurs.
Financer correctement le personnel des MR/MRS
L’enquête de l’OKRA souligne le sous-financement du personnel des maisons de repos : en moyenne, celles-ci sont contraintes en Flandre d’employer en moyenne 18,8 % de personnel de plus que prévu par la norme (25 % dans le secteur public contre 14 % dans le secteur privé).
Ce qui montre d’une part que les normes d’encadrement sont trop faibles (un dépassement de 15% est d’ailleurs officiellement prévu !), et d’autre part que l’encadrement médical dans les MR/MRS commerciales est moins bon que dans le secteur public – même en tenant compte du fait que le secteur commercial héberge davantage de résidents autonomes, qui demandent moins de soins et de personnel qualifié comme le personnel infirmier, les psy, kiné, etc.
Le GANG réclame le réexamen quantitatif et qualitatif des normes d’encadrement, pour tenir compte de la dégradation au fil des années de l’état de santé moyen des personnes qui rejoignent les MR/MRS.
Le GANG exige aussi le relèvement des rémunérations des personnels, dont la compétence, la motivation et le bien-être au travail sont des facteurs essentiels pour la qualité de l’encadrement qu’ils dispensent.
Il est temps que l’Etat fédéral et les gouvernements régionaux prennent leurs responsabilités et assurent de bonnes conditions d’encadrement, de soins, et de qualité de vie aux résidents !
Michèle D, Pierre M, 12/10/23
Sources : VRT nws – flandreinfo.be, 2/10/2023 et Communiqué de presse de l’OKRA