Rediffusions du feuilleton de l’été à raison de un par jour.
Afin d’en faciliter la lecture, nous ne diffusons plus que notre réponse au Premier ministre.
Seizième épisode
« Achetez nos indulgences »
Cher Charles,
Et 2025, on est d’accord. C’est dans sept ans. Ce n’est donc pas pour nous, mais bien pour les plus jeunes, que nous avons décidé de vous barrer la route à vous et à cette retraite, cette « pension à points » !
C’est merveilleux, en quelque sorte, votre « Pension à point » c’est une permission de vieillir dignement… Ou pas.
C’est un « Permis de vieillir décemment à point », un peu comme, le « Permis de conduire à point » de chez nos voisins automobilistes français.
Bien sûr, La valeur de ces points varierait en fonction de différents critères, différents paramètres. Paramètres et critères qui seront, nous promet-on, certainement très bien définis un jour. En attendant, ce cher Daniel, votre ministre des pensions et retraites, nous demande simplement de lui faire une confiance aveugle. Et ce n’est pas tout. Pour les chômeurs et les prépensionnés qui partiraient à la retraite, dès date d’entrée en vigueur du « Permis de vieillir à points », le nombre de points maximum ne serait plus calculé sur base du dernier salaire, mais bien sur le prorata du salaire minimum (ce qui est déjà inférieur). Et cerise sur le gâteau, vous nous promettez que la valeur d’un Point ne diminuera jamais !
« Gel des valeurs », vous avez déjà entendu parler ?
« Contraintes budgétaires exceptionnelles », ça vous dit quelque chose ?
« Dévaluation » par référence au train de vie, à la progression salariale et au bien-être, ça vous parle ? Mais bon, n’est pire sourd qui ne sait entendre.
Allez, on se calme. Tous naissent avec un maximum de « Points de retraite ».
Mais… à chaque embûche, à chaque dérapage, on perdra des points.
Et les points perdus seront cumulatifs. Ils s’accumuleront !
Un accident de travail…………………………Points en moins
Des études supérieures………………………Points en moins
Une maladie, un handicap……………………Points en moins
Un saisonnier entre deux saisons……………Points en moins
Une femme seule en congé de maternité……Points en moins
Quelques jours chômés pour cause de licenciement …………Points en moins
Intermittent spectacle en préparation d’une performance……Points en moins
Quelques jours de chômage pour cause de délocalisation…Points en moins
Une femme qui prend une « pause carrière » pour ses enfants…Points en moins
…
Petit exemple : « Une femme enceinte, seule, ingénieur, avec deux enfants, ayant perdu l’ouïe suit à un accident, à la recherche d’un emploi » ?
Dommage, elle devra travailler jusque à 85 ans pour retrouver l’ensemble de ses « Points de vieillir dignement » du départ !
Ah ! N’oublions pas… Certains pourront « racheter leurs points perdus » comme on rachète ses fautes pour aller au paradis. Parce que pour Bas-de-laine, les étudiants, les femmes, les demandeurs d’emplois, les handicapés, les saisonniers, les intermittents, les accidentés… Tous sont fautifs. Mais heureusement, ce bon samaritain Daniellou, il a décidé, lui, de vendre des « indulgences ».
– Rachetez vos fautes, rachetez vos points !
– Qui veut des points pas chers ?
– Points au rabais !
– Points en solde !
Charles, il est temps de retrouver une voie idéologique, libérale ou non, qui tienne compte d’abord du social et de l’humain !
En 2016, Richard Miller a pourtant dit au moment de votre intronisation :
« L’héritage libéral ne peut pas être celui de la financiarisation. Renforcer la confiance des citoyens dans notre modèle de société, dans les institutions et dans les missions de l’Etat, passe aussi par le refus de toute remise en cause et de toute régression des valeurs humanistes et universelles autour desquelles la population peut se rassembler (elle passe par) un libéralisme engagé dont l’unique horizon est davantage de liberté, davantage de solidarité, davantage de respect pour la dignité de tout être humain ! »
Last but not least, ce système à points va coûter cher alors qu’on n’en veut pas.
Les inconvénients ne manqueraient pas, parmi lesquels « la grande difficulté de la transition » et l’obligation de maintenir pendant une très longue période deux systèmes différents.
Vous le savez, développer ce système de pensions à points coûterait au minimum 38 millions d’euros (en informatique et en ressources humaines) pour mettre au point votre système à points, alors que la Belgique vient déjà d’investir 16 millions d’euros sur la période 2010-2018 pour cette interface électronique (MyPension.be) qui aurait dû permettre à chacun de connaître la date et le montant de sa retraite.
Pourtant, personne ne sait combien de pension il ou elle va gagner précisément. Au contraire, on risque de tomber dans un système d’« insécurité sociale » total.
À cause de la crise économique, la dette a augmenté de moitié. Nous étions à presque 70 % de notre PIB. Nous sommes maintenant à 105 %.
La vérité, c’est que votre gouvernement voudrait faire payer cette dette publique aux retraités à venir. Parce que, c’est vrai, votre « permis à la dignité à point » deviendrait inévitablement un système purement mathématique qui vous permettrait, cher Charles, de modifier la valeur de chaque point pour résoudre vos problèmes budgétaires en perdant toute lisibilité.
Mais bon, puisque ce « permis de vieillir dignement à points » est actuellement en discussion au sein du Comité national des pensions, pourquoi ne pas inviter le Gang des Vieux en Colère à la table des concertations (Patrons, Syndicats, Gang des Vieux en Colère et Gouvernement) ?
Veuillez accepter, Monsieur le Premier ministre, Cher Charles, l’assurance de notre plus exigeant respect.
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