La Commission Justice de la Chambre a adopté le projet de loi du ministre Van Quickenborne visant à rendre la justice « plus humaine, plus rapide et plus ferme » (sic !).
Ce projet veut permettre aux juges de condamner trois fois une même personne pour un même délit lors d’une manifestation.
La première fois, le juge pourra la condamner à de la prison ou à une amende ;
la deuxième fois, dans le même jugement, à une interdiction de rejoindre un « rassemblement revendicatif » de plus de 100 personnes pendant trois ans ;
et une troisième fois, à une nouvelle interdiction de trois ans si la personne condamnée ne respecte pas la première interdiction de manifester.
Cette peine d’interdiction de manifester réprime donc triplement les personnes déjà visées par la répression policière des mouvements sociaux et environnementaux.
En plus, elle fait double emploi avec les mesures administratives d’écartement individuel de manifestants que les bourgmestres peuvent déjà prendre sur la base de renseignements policiers, comme la ministre Verlinden n’a pas manqué de le leur rappeler récemment.
Le Gang s’associe à la dénonciation !
Les trois syndicats, Solidaris, le MOC et diverses ONG (la Ligue des Droits humains, Greenpeace, Amnesty, le CNCD, Bruxelles Laïque, …) y voient à juste titre une atteinte grave à la liberté de manifester.
Dans un communiqué, ils exigent :
« le retrait pur et simple de la disposition prévoyant l’interdiction judiciaire de manifester. (…) Nous sommes manifestant·es, pas criminel·les. »
Le Gang des Vieux en Colère s’associe pleinement à cette dénonciation.
Les rassemblements à la fois festifs et combatifs organisés par le Gang pourront être directement visés par la loi.
Puisqu’au Parlement, personne n’écoute leurs voix, les Vieilles et les Vieux sont bien obligés de crier haut et fort dans la rue aux côtés de tous ceux qui ne se sentent pas représentés dans les instances de l’État.
C’est cela que veut sanctionner triplement la nouvelle loi !
Qui sont les « casseurs » !?!
Chercher l’excuse des « casseurs », comme le fait le ministre, est une vieille ficelle utilisée pour diviser le mouvement social et stigmatiser ceux qui s’opposent radicalement aux injustices du système.
Alors qu’aucune loi ne punit la casse sociale des fermetures d’entreprises ni la casse environnementale, ou n’interdit la distribution de bénéfices plantureux aux actionnaires des grandes entreprises qui ont licencié des membres de leur personnel comme des kleenex ou les ont poussés au suicide !
Tous fichés !
Et comment la police va-t-elle déterminer qui peut aller manifester ?
La seule façon c’est de contrôler tout le monde, par la prise des identités ou en utilisant la reconnaissance faciale.
Donc ficher toutes les personnes qui se rendent à la manifestation, et mettre en place des listes noires.
Le ministre prétend que sa loi permettra aux « gentils » de pouvoir exercer leurs droits démocratiques.
Mais cette loi aura pour conséquence de ficher tous les « gentils » aux abords des manifestations.
Et que se passera-t-il quand trois poubelles auront été brûlées ou qu’une banque aura été taggée ?
Devinez dans quelle liste de « gentils » la police va aller regarder.
Criminalisation des mouvements sociaux
La criminalisation des mouvements sociaux ne date pas d’aujourd’hui mais elle s’accélère dangereusement.
Il y a un an, la justice a condamné des syndicalistes qui manifestaient sur l’autoroute, pour « entrave méchante à la circulation », un délit qui avait été inventé dans un contexte qui n’avait rien à voir avec les mouvement sociaux, et dont on avait juré à l’époque que jamais, au grand jamais, il ne serait utilisé contre les mouvements revendicatifs.
Plus récemment encore, on a vu comment, chez Delhaize, la justice a donné la préférence au droit de propriété et au droit commercial sur le droit de défendre son emploi et ses conditions salariales.
Avec la loi Van Quickenborne, la Belgique copie sans vergogne la loi « anticasseurs » française, dont chacun a pu mesurer l’efficacité raciste et antisociale ces derniers jours.
Menaces pour l’avenir !
Aggraver encore l’arsenal des peines est un risque réel.
Pour les luttes actuelles mais aussi pour l’avenir !
Personne ne sait qui sera au pouvoir dans quelques années – le danger d’extrême-droite est réel, et il appelle à redoubler de vigilance !
Ce dont on est certain, c’est que les lois répressives seront prêtes, grâce à la rapidité et à la fermeté de Monsieur Van Quickenborne et consorts.
Anne M.