Tartuffe, le personnage de Molière, est le type même du faux-dévot.
Il use de la religion et de la séduction pour installer sa prise de pouvoir et s’approprier par l’astuce et la contrainte les biens de sa victime, ainsi que sa moitié elle-même, c’est-à-dire sa femme légitime !
Le « train de la modernité »
Les Tartuffes du numérique avancent, quant à eux, camouflés dans le train de la modernité.
À l’instar de la SNCB, qui a décidé de supprimer le ticket seniors, ils sont bien conscients que les places à bord sont en nombre limité – mais ils prétendent pouvoir embarquer tout le monde !
Car leurs « vertus ostentatoires » ont besoin de l’appui du plus grand nombre.
Ces « vertus » consistent à apporter au monde de « nouvelles lumières » grâce à leurs serviteurs postés derrière leurs écrans et aux « molles clartés » qui en émanent.
En réalité, ils sont plongés dans une nuit de lune sans fin.
Quels objectifs réels ?
Comparé au personnage de Molière, il est autrement malaisé de discerner leurs visées cachées.
Du moins aujourd’hui où l’hypocrite et discriminatoire ordonnance numérique du gouvernement bruxellois vient d’être approuvée par une majorité de députés : ceux qui ont revêtu leurs habits de cérémonie sacrificielle et prêté allégeance au « train de la modernité ».
Quels sont les objectifs de ce ministre, Bernard Clerfayt, qui a défendu obstinément son ordonnance, ne lâchant que quelques accommodements sous la pression du mouvement associatif qui l’assiégeait jusque dans son cabinet ?
Des objectifs idéologiques ?
Prônent-ils, lui et ses suiveurs, une société gouvernée par l’intelligence artificielle ?
Des objectifs économiques ?
Sont-ils inféodés aux intérêts des géants du numérique ?
Ou pensent-ils contribuer au fameux équilibre des budgets publics ?
Ou encore des objectifs électoraux ?
Pensent-ils comme Tartuffe faire les yeux doux aux électeurs en leur vantant les facilités du numérique ?
Le débat est désormais posé devant le public !
Les vieilles et vieux gangsters peuvent se demander à quoi il a servi de manifester pendant un an et demi, et de rencontrer tous ces représentants politiques qui ont, pour la plupart, fait mine de partager nos indignations et nos craintes de voir l’humain disparaître.
Jusqu’au ministre promoteur de l’ordonnance, qui jurait qu’il était d’accord avec nos revendications et qu’une simple reformulation de certains articles allait tout arranger.
Mais nous pouvons dire à présent que, grâce à ces mobilisations répétées, la question du numérique est désormais posée de manière publique, et que personne ne peut ignorer les menaces sur les relations humaines que fait peser le remplacement graduel de l’homme par la machine.
Car nous en sommes bien là.
Le numérique est vanté par les promoteurs de l’ordonnance du ministre Clerfayt comme un moyen de faciliter la vie.
Par exemple, chacun peut faire ses démarches administratives au moment de la journée qu’il préfère.
Mais les zélateurs du numérique se gardent de nous dire qu’il y a souvent bien des difficultés à surmonter pour conquérir ces facilités :
- dysfonctionnements dans les connexions,
- langage spécifique non-compréhensible de tous,
- obsolescence de nos appareils,
- etc.
Les embûches sont multiples.
Quant au grand nombre plongé dans l’illectronisme, il voit ses chances d’intégration encore davantage réduites.
L’informatique ne peut être acceptée qu’en véritable état de connaissance, et ne peut en aucun cas être imposée !
L’associatif en lutte contre l’ordonnance numérique depuis septembre 2022
Sous l’impulsion de Lire et Écrire, une plateforme regroupant de nombreuses associations (dont le Gang des Vieux en Colère) dénonce les atteintes que fait peser sur les libertés publiques et sur la dignité humaine la tendance insidieuse au tout-numérique contenue dans l’ordonnance bruxelloise.
La plateforme a obtenu des améliorations sensibles dans le texte de l’ordonnance, et des déclarations de principe de la part de ceux qui l’ont votée.
Et surtout, elle a obtenu que le débat soit enfin posé devant le public.
La lutte continue…
Manu D