Bientôt le retour des soupes populaires ? (Saison 4)
Plus de 2 millions de personnes en Belgique en situation précaire
Toujours selon les chiffres officiels
(voir https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/risque-de-pauvrete-ou-dexclusion-sociale)
2.142.000 personnes en Belgique, soit 18,5% de la population, étaient en 2021 en situation précaire, selon au moins l’un des trois critères suivants
(pour les définitions, voir https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/plus) :
- revenus du ménage sous le seuil de pauvreté ;
- graves privations matérielles ou sociales (voir ci-dessous) ;
- faible accès à l’emploi (les membres du ménage en âge de travailler ont travaillé moins de 20% du temps au cours des 12 mois précédents).
Et 249.000 personnes (2,2% de la population) combinaient les trois !
Une personne sur huit sous le seuil de pauvreté !
En 2021 toujours, 12,7% de la population vivait dans un ménage dont le revenu total disponible était inférieur au seuil de pauvreté.
Le seuil de pauvreté est fixé aujourd’hui à 1.293 euros par mois pour une personne isolée
(2.715 euros pour un ménage composé de 2 adultes et de 2 enfants de moins de 14 ans).
Comment « vivre » avec cela ? A peine « survivre » !
Et encore, il faut y regarder de plus près.
Car le fameux « seuil de pauvreté » découle d’une définition arbitraire, qui le fixe à 60% du revenu médian (le revenu « médian » sépare la population en deux moitiés égales). Pourquoi 60%, et pas 80 ou 40 ? C’est parfaitement arbitraire, une définition purement mathématique !
Et en plus, le seuil de pauvreté est calculé selon les revenus perçus lors de l’année précédente. Donc le seuil de pauvreté aujourd’hui est calculé d’après les revenus de 2020. Avec l’inflation actuelle, cela fait une différence énorme !
Ainsi, certains revenus passent, de manière purement formelle, au-dessus du seuil de pauvreté fixé selon les revenus d’il y a deux ans – et les personnes perdent leurs droits à certaines aides sociales.
Les enfants dans la misère
Un enfant sur sept (14,7%) vit dans un ménage sous le seuil de pauvreté.
Qu’est-ce que cela veut dire pour des enfants ?
Comme le remarquent les statisticiens de Statbel eux-mêmes, cela vaut dire qu’ils n’ont pas de bonnes chaussures ni des jouets adaptés à leur âge, qu’ils ne reçoivent pas une quantité suffisante d’aliments sains ou qu’ils ne peuvent pas partir en vacances https://statbel.fgov.be/fr/nouvelles/grandir-dans-la-precarite .
Car, pour des raisons financières, 8% de ces enfants ne mangent pas tous les jours de la viande, du poisson ou l’équivalent végétarien, et 4% ne reçoivent pas des fruits et légumes.
Pour un tiers d’entre eux, cela signifie ne pas pouvoir avoir de vêtements neufs, seulement des vêtements de seconde main, et pour 14% d’entre eux, ne pas disposer de deux paires de chaussures.
Près de 10% n’ont pas de livres de leur âge, 16% ne disposent pas de jeux d’extérieur et 11% n’ont pas de jouets appropriés.
Pour un quart d’entre eux, la situation financière du ménage les empêche de rejoindre un club sportif ou un mouvement de jeunesse, et pour 13% d’entre eux d’inviter simplement des amis pour jouer. Partir en vacances une semaine par an s’avère impossible pour près de 6 de ces enfants sur 10 (57%).
Les Vieilles et les Vieux en sont fous de rage !
Et pendant ce temps-là, une infime minorité s’engraisse énormément !
Un rapport d’Oxfam faisait le point au début de cette année sur l’incroyable accroissement des inégalités qui a accompagné la crise du covid
https://www.oxfamfrance.org/wp-content/uploads/2022/01/Rapport_Oxfam_Inegalites_mondiales_Davos_170122.pdf
Pour résumer ce rapport, deux figures seulement, qui en disent plus qu’un long discours :
Et une troisième figure, qui mérite qu’on s’y attarde. Dans cette courbe en forme d’éléphant, le petit creux à droite représente l’appauvrissement des « classes moyennes » dans les pays riches (nous…), et la « trompe » à l’extrême droite représente de manière vertigineuse l’enrichissement d’une fraction de plus en plus minime des richissimes : un humain sur 1000, sur 10.000, sur 100.000, … (remarquez le changement de graduation).
Et avec l’actuelle crise géopolitique et énergétique,
le fossé des inégalités n’a fait que croître !
Pierre Marage