Rediffusions du feuilleton de l’été à raison de un par jour.
Afin d’en faciliter la lecture, nous ne diffusons plus que notre réponse au Premier ministre.
Treizième épisode
« Quand la Belgique nourrit Lehman Brothers »
Cher Charles,
Enfin, vous répondez à un point précis de notre lettre ouverte du 16 avril. Il vous aura fallu 50 lignes hors propos, débitées tout au long de douze épisodes précédents pour en arriver là ! Mais en plus, là, vous ne faites que vous répéter.
Vous agitez une « Banqueroute » comme un polichinelle.
Et si on regardait ce que vous nous cachez ?
Les études de la Banque mondiale, de l’OCDE, du FMI et de la Commission européenne ne parlent que du coût du vieillissement de la population, mais ne soufflent mot des recettes de la sécurité sociale. Toute personne qui gère un ménage sait pertinemment qu’il faut tenir compte des dépenses, mais aussi des recettes.
Pourtant, chez nous, du côté des recettes, les changements sont énormes.
Si, auparavant, environ 80% des recettes de la sécurité sociale provenaient des cotisations sociales et environ 20% des impôts, ce n’est plus du tout le cas à présent. Seulement 50% provient des cotisations sociales. Un peu plus d’un quart provient de la tva et des accises et 20% d’une subvention de l’Etat.
Normal ?
Il est vrai que les cotisations patronales pour la sécurité sociale ont diminué de 5% en 20 ans. Depuis 1980, la part des cotisations patronales dans le PIB a diminué de 5%. Au fil du temps, l’argent qui, autrefois, allait à la sécurité sociale est passé en dividendes et en tantièmes pour actionnaires et pour dirigeants d’entreprises.
Bizarre… Comme c’est bizarre. Vous avez dit bizarre ? Comme c’est étrange
Quel pourcentage de la richesse nationale va à la population et quel pourcentage va à ce petit groupe d’actionnaires ? Si vous restez les bras ballants, cher Charles, ce sont non seulement les retraites qui seront impayables, mais aussi les maisons de repos et les soins de santé.
On vous a déjà appris que gouverner, c’est choisir ?
On vous a déjà expliqué qu’on n’en voulait pas de cette « prise d’assurance individuelle » ? Avez-vous oublié le krach des fonds de pension américains en 2008 ?
Ils furent 51 millions de vieux Américains à avoir vu disparaître en quelques mois des années d’économies par capitalisation prévues pour leur retraite. L’ampleur de la crise fut telle que tous les fonds de pensions américains furent touchés. Aux Etats-Unis, les fonds de pension auraient perdu 2.000 milliards de dollars en quinze mois.
On vous a déjà expliqué qu’il était inutile de vouloir affaiblir notre système de pension par répartition au profit d’un système basé sur une capitalisation à l’américaine.
C’est quoi ? Un dialogue de sourd ?
Parce que aux States, ça continue… Detroit en 2013, Cleveland en 2016, Loyalton en 2017.
Trois exemples qui ont creusé un trou de plusieurs dizaines de milliards de dollars, laissant des millions de vieux américains dans la rue, frappées par un déficit abyssal de leurs fonds de pension,
Parce que, voyez-vous, Charles, les banques, comme les sociétés d’assurances, ça joue avec l’argent de tous les futurs retraités belges qui y croient.
Chaque jour, des sommes d’argent invraisemblables sont placées dans des investissements extrêmement risqués comme sur des valeurs internet ou dans des prêts hypothécaires commerciaux. Exactement comme pour la « crise des Subprimes » qui, en 2008 après avoir misé sur des prêts hypothécaires à risque s’est écroulée comme un château de cartes.
Non, Charles, nous ne laisserons pas Daniel Bas-de-laine jeter les petits vieux dans les griffes de tous les Lehman Brothers de Belgique !
Et si, malgré les risques les futurs retraités belges osaient quand même y aller…
Seuls les plus riches auraient les moyens de s’offrir une retraite décente en cotisant à ces foutus « fonds de pension » soit disant garantis.
Vous le savez, Charles, ce « complément par assurance bancaire », permettrait (uniquement aux citoyens qui auraient les moyens de payer) de disposer d’un complément significatif à leur retraite légale qui leur permettrait, lorsqu’ils seront retraités, de maintenir un niveau de vie décent.
Autrement dit, un grand chacun pour soi.
C’est donc bien le contraire de l’esprit solidaire de la sécurité sociale.
C’est la pénalisation immédiate des plus faibles.
Vous cherchez encore une fois à diviser nos enfants pour mieux régner – comme nous l’avons démontré dès le troisième épisode de ce Feuilleton.
– Opposer celui ou celle qui a choisi d’élever les enfants à celui ou celle qui a choisi d’entrer dans le monde du travail.
– Opposer ceux qui se retrouvent dans un statut misérable parce que licenciés, malades, nés handicapés, accidentés, trop jeunes ou trop vieux.
– Opposer tous ceux-là à ceux qui ont la chance d’avoir un statut digne et un travail pérenne.
Non, cher Charles, ce truc a fait long feu, il est usé jusqu’à la corde et pourtant…
Pourtant votre ami Bas-De-Laine a déjà préparé un sordide avenir pour les futurs Vieux.
Voulez-vous encore quelques exemples de diminutions des montants de retraites, masquées et imposées par Daniel Bacquelaine depuis son arrivée dans son ministère ?
– Diminutions par la suppression du droit à la pension lors d’un crédit-temps : 50 euros en moins par mois sur la pension pour chaque année de crédit-temps non motivée que vous retirez.
– Diminutions par la réduction de la pension pour les préretraités qui ont commencé à travailler à un âge précoce : jusqu’à 140 euros en moins par mois sur la pension pour ceux qui ont commencé à travailler à 16 ans.
Et nous sommes loin du compte. Nous révélerons bien d’autres mesures scélérates dans les prochains épisodes.
Sachez-le, Charles, nous refusons un système qui obligerait chacun à cotiser à titre privé et donc que seuls les plus riches puissent se payer une pension décente parce que cette pension « complémentaire » serait en plus aléatoire et incertaine.
Nous refusons aussi que les sociétés d’assurances et les banques privées s’engraissent sur l’âge de nos artères d’autant que ces assurances vieillesses ne tiennent plus que par le succès du CAC 40 ou des cours et cotations en bourse à la merci de spéculateurs irresponsables.
Veuillez accepter, Monsieur le Premier ministre, Cher Charles, « l’assurance de… » ?
Non !
Veuillez accepter, Monsieur le Premier ministre, Cher Charles, l’expression de notre plus exigeant respect.