Bientôt le retour des soupes populaires ? (Saison 2)
Vous me direz qu’en Belgique, nous sommes protégés par l’index, et qu’il n’y a donc pas tellement de quoi se plaindre.
C’est vrai que l’indexation automatique des salaires et des allocations sociales a le mérite d’exister. C’est un avantage précieux, conquis de haute lutte par nos prédécesseurs.
Voyez les luttes que les travailleurs et allocataires des pays voisins, France, Grande-Bretagne, Allemagne etc., sont obligés de mener pour compenser la baisse des revenus provoquée par l’inflation.
Mais l’index est loin de refléter toute la réalité de l’augmentation du coût de la vie pour les couches les plus défavorisées – notamment pour les pensionnés.
Le journal Le Soir a commencé ce 8 octobre la publication d’un « Baromètre du pouvoir d’achat » mensuel, en collaboration avec l’économiste Philippe Defeyt et l’Institut pour un développement durable – voir https://www.lesoir.be/470069/article/2022-10-08/le-barometre-du-pouvoir-dachat-du-soir-tout-comprendre-en-8-infographies .
Pour cette étude, tous les revenus bruts sont inclus (indexations, augmentations barémiques pour les travailleurs, allocations familiales, etc. – voir détails dans Le Soir). Le pouvoir d’achat, lui, reflète mois par mois la réalité des revenus nets.
(Remarque : il faut souligner que, dans tout ce qui suit, les « revenus » dont on parle sont les revenus du travail et assimilés, jamais les revenus de la propriété et du capital !)
Le graphique ci-dessous montre l’évolution du revenu « net » (en bleu) et l’évolution réelle du pouvoir d’achat (en rouge) pour un couple de pensionnés bénéficiant d’une pension médiane (1350 euros bruts en juillet 2021 pour le mari, 1000 euros pour la femme, soit 2324 euros nets). On voit que leur pouvoir d’achat réel a baissé de 3% en un an, malgré l’augmentation du brut.
(Rappelons que l’expression « médiane » signifie que 50% des personnes bénéficient d’un revenu plus faible et 50% d’un revenu plus élevé. Le revenu « médian » est plus représentatif que le revenu « moyen », car celui-ci est influencé à la hausse par les très hauts revenus).
Comme le montre le graphique suivant, la situation est encore pire pour d’autres catégories sociales : jusque 7% de perte de pouvoir d’achat pour un couple de salariés (dont l’un est à temps plein et l’autre à temps partiel) avec deux jeunes enfants, et près de 5% pour une maman travaillant à temps partiel, seule avec deux jeunes enfants.
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Saison 3 : Les trous dans la raquette du système d’indexation
Pierre Marage